Empalé!
La Perse, gouvernée par Mirza Mohamed Khan, tremblait sous la férule de ce despote cruel.
Seul, son frère, Zulma Khan, avait levé l'étendard de la révolte et maintenait son indépendance à la tête des
tribus turcomanes dans la province éloignée du Megandejan. Cet illustre rebelle, qui osait braver le pouvoir du
shah, avait, à plusieurs reprises, remporté des avantages importants sur les troupes royales, grâce à la bravoure
de son fils Zohrab, le héros favori de sa race, la terreur et l'admiration de tout l'empire d'Iran.
Mais Mirza Mohamed ne désespérait pas de vaincre—avec du temps et de la patience—ces ennemis
redoutables. Malgré les dangers de la guerre, il trouvait quelques instants pour se livrer aux plaisirs de la
chasse et aux fêtes de son palais. Ce n'est pas qu'il prît grand plaisir à toutes ces distractions, mais elles
convenaient à son rang. Du reste, les seules passions qui pussent l'émouvoir étaient l'ambition, l'avarice et la
vengeance.
Aucun des despotes de l'Asie n'offre réellement dans l'histoire un caractère plus bizarre que celui de Mirza
Mohamed Khan. Dès son plus jeune âge, il avait conçu des plans ambitieux accomplis par lui à force de
persévérance, en joignant l'artifice à la bravoure, jusqu'à ce qu'il eût dompté tous ses rivaux et saisi d'une main
ferme le sceptre de la Perse.
Mirza Mohamed, une fois sur le trône, sut affermir sa domination par le choix habile de ses ministres et de ses
généraux. Il parvint à conserver son ascendant sur ses soldats, non−seulement par le charme et la terreur de la
puissance souveraine, mais encore par son courage et son mépris de la mollesse.
Despote et tyran dans son palais, il n'était plus que le premier de ses soldats dans le camp, mangeant le même
pain qu'eux, partageant toutes leurs fatigues, montrant une sobriété telle qu'il n'avait jamais violé la loi du
prophète contre l'usage du vin. Le shah était si dur envers lui−même qu'il avait acquis le droit d'être sévère
envers les autres jusqu'à la cruauté.
A l'âge de soixante−trois ans, Mirza Mohamed Khan était si mince de corps que, de loin, on l'eût pris pour un
jeune homme de quatorze à quinze ans. Mais son visage imberbe et ridé ressemblait plutôt à celui d'une vieille
qu'à celui d'un vieillard.
Comprenant lui−même combien il était laid, il ne pouvait souffrir qu'aucun homme le regardât en face; il
forçait ses plus braves gardes à détourner la tête ou à baisser la vue chaque fois qu'il passait auprès d'eux.
Le supplice auquel il condamnait le plus volontiers ses ennemis était celui du pal, horrible holocauste qui
consistait et consiste encore, dans la Perse et dans quelques pays de l'Orient, à embrocher les condamnés
comme des poulets, en ayant soin de coudre le corps sans atteindre les parties vitales. L'infortuné patient était
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La Perse, gouvernée par Mirza Mohamed Khan, tremblait sous la férule de ce despote cruel.
Seul, son frère, Zulma Khan, avait levé l'étendard de la révolte et maintenait son indépendance à la tête des
tribus turcomanes dans la province éloignée du Megandejan. Cet illustre rebelle, qui osait braver le pouvoir du
shah, avait, à plusieurs reprises, remporté des avantages importants sur les troupes royales, grâce à la bravoure
de son fils Zohrab, le héros favori de sa race, la terreur et l'admiration de tout l'empire d'Iran.
Mais Mirza Mohamed ne désespérait pas de vaincre—avec du temps et de la patience—ces ennemis
redoutables. Malgré les dangers de la guerre, il trouvait quelques instants pour se livrer aux plaisirs de la
chasse et aux fêtes de son palais. Ce n'est pas qu'il prît grand plaisir à toutes ces distractions, mais elles
convenaient à son rang. Du reste, les seules passions qui pussent l'émouvoir étaient l'ambition, l'avarice et la
vengeance.
Aucun des despotes de l'Asie n'offre réellement dans l'histoire un caractère plus bizarre que celui de Mirza
Mohamed Khan. Dès son plus jeune âge, il avait conçu des plans ambitieux accomplis par lui à force de
persévérance, en joignant l'artifice à la bravoure, jusqu'à ce qu'il eût dompté tous ses rivaux et saisi d'une main
ferme le sceptre de la Perse.
Mirza Mohamed, une fois sur le trône, sut affermir sa domination par le choix habile de ses ministres et de ses
généraux. Il parvint à conserver son ascendant sur ses soldats, non−seulement par le charme et la terreur de la
puissance souveraine, mais encore par son courage et son mépris de la mollesse.
Despote et tyran dans son palais, il n'était plus que le premier de ses soldats dans le camp, mangeant le même
pain qu'eux, partageant toutes leurs fatigues, montrant une sobriété telle qu'il n'avait jamais violé la loi du
prophète contre l'usage du vin. Le shah était si dur envers lui−même qu'il avait acquis le droit d'être sévère
envers les autres jusqu'à la cruauté.
A l'âge de soixante−trois ans, Mirza Mohamed Khan était si mince de corps que, de loin, on l'eût pris pour un
jeune homme de quatorze à quinze ans. Mais son visage imberbe et ridé ressemblait plutôt à celui d'une vieille
qu'à celui d'un vieillard.
Comprenant lui−même combien il était laid, il ne pouvait souffrir qu'aucun homme le regardât en face; il
forçait ses plus braves gardes à détourner la tête ou à baisser la vue chaque fois qu'il passait auprès d'eux.
Le supplice auquel il condamnait le plus volontiers ses ennemis était celui du pal, horrible holocauste qui
consistait et consiste encore, dans la Perse et dans quelques pays de l'Orient, à embrocher les condamnés
comme des poulets, en ayant soin de coudre le corps sans atteindre les parties vitales. L'infortuné patient était
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